La conception d'un réseau

L'étape de conception est incontournable. Son but essentiel est de "réfléchir avant d'agir". Ainsi de nombreuses erreurs et déceptions peuvent être évitées.

La conception concerne plusieurs domaines que nous allons aborder ci-après.

Il faut noter que tous les domaines sont des facteurs qui se combinent. Par exemple choisir de représenter une grande ligne avec une gare à l'échelle 0 implique de disposer d'un certain espace, alors que le même thème à l'échelle N sera peut-être plus "accessible".

S'il s'agit d'une première réalisation, pensez à deux aspects essentiels:

- la taille et la complexité de la construction
- le temps disponible
- le budget à disposition

Vouloir construire un grand réseau sans disposer de temps peut amener à une frustration et une déception, voir à l'abandon du projet.

Pensez à une alternative: un petit réseau pour "se faire la main" ou la réalisation d'un diorama qui permettra d'aborder de nombreuses techniques de construction.

Le choix de base

Quel genre de chemin de fer ? Une grande ligne ? Une ligne à voie unique ? La copie d'un site réel ou une fiction ? Pleine voie ou gare et voies de manoeuvre ?

Quelle motivation vous conduit à la réalisation d'un réseau ? Quel priorité accordez-vous entre: la technique, l'exploitation, le décor ? Si l’on apprécie avant tout de faire circuler des convois, peut-être le décor sera moins prioritaire. Inversement, si c'est le décor et l'ambiance qui motivent les choix, la technique (digitalisation, itinéraires automatisés, etc.) aura moins d'importance.

Lisez des magazines, visitez des expositions, réfléchissez à ce qui VOUS attire dans le chemin de fer: est-ce la technique, le décor et le paysage, les circulations, les gares, le côté nostalgique de la traction à vapeur, une petite ligne équipée de vieux matériel ?

Définir un lieu

Ville ou campagne ? Plaine ou montagne ? Quel pays ?

Le matériel roulant sera différent selon le pays. Par ailleurs sachez que le choix de matériel est plus ou moins grand selon le pays : France, Allemagne, Suisse et USA sont les plus fournis.

Définir une époque, une saison

Question plus difficile, car l'époque va définir le type de traction (vapeur, électrique, diesel), le matériel roulant, le style des bâtiments, l'environnement, etc.

Il faut savoir que la traction vapeur est aussi fonction du pays. En France, elle a perduré jusque dans les années 70, alors qu'en Suisse, par exemple, la plupart des lignes ont été rapidement électrifiées. Après, le goût personnel entre en considération, particulièrement pour ce qui concerne le matériel roulant (trains voyageurs ou marchandises).

La saison a aussi son importance dans le décor : il faudra être cohérent (par exemple ne pas montrer une piscine avec des baigneurs dans un environnement de montagne en automne ou en hiver).

Choisir une échelle

Le choix de l'échelle est évidemment primordial. Il est souvent lié à la place dont on dispose, mais aussi au thème choisi, au matériel disponible dans le commerce, etc. Les échelles les plus prisées sont le H0 (1:87), le N (1:160) et le H0m, soit la même échelle que le H0 (1:87), mais avec une voie métrique. Les autres échelles (0, TT, 1) demandent souvent de disposer d'un certain espace... et d'un porte-monnaie mieux garni. Elles impliquent parfoisla construction personnelle du matériel roulant.

Le tableau ci-dessous résume les échelles les plus répandues et leur caractéristiques.

Nom Echelle Ecartement réel Ecartement modèle Particularités Usage
H0 1:87 1435mm 16.5mm Echelle la plus courante, grande disponibilité de produits aussi bien en matériel roulant qu'en accessoires. Rayon de courbure minimum (technique): 360mm; réseaux modulaires de clubs.
N 1:160 1435mm 9mm Echelle très répandue; bonne disponibilité de produits. Permet de concevoir un grand réseau sur un espace restreint.
Nm 1:160 1000mm 6.5mm Echelle équivalente au N, mais en voie métrique. Peu de produits. -
H0m 1:87 1000mm 12mm Echelle bien répandue; produits limités à certaines compagnies (voie étroite). Même usage que le H0, mais avec des rayons de courbure plus faibles.
0 1:43.5 ou 1:45 1435mm 32mm Echelle très répandue, disponibilité de produits. Matériel plus cher que le H0. Demande de disposer de place pour un réseau complet (grands rayons de courbure); permet de détailler le décor.
0m 1:43.5 1000mm 22.2mm L'échelle 0m est au 0 ce que le H0m est au H0 (voie métrique). Disponibilité de produits limitée. Matériel plus cher que le H0. Demande de disposer de place pour un réseau complet (grands rayons de courbure); permet de détailler le décor.
Z 1:220 1435mm 6.5mm Choix de produits restreint. Difficulté à détailler le décor.
1 1:32 1435mm 45mm Echelle répandue; disponibilité de produits. Matériel plus coûteux que le H0. Généralement privé. Parfois présent dans les clubs.
G 1:22 1000mm 45mm Choix de produits restreint. Matériel coûteux. Généralement réservé aux trains de jardin.
H0e 1:87 800mm 9mm Echelle peu répandue; choix de matériel restreint (trams). Usage très spécifique.
TT 1:120 1435mm 12mm Choix de produits restreint selon les pays. Echelle répandue en Grande-Bretagne.

Attention au choix de l’échelle par rapport aux grandeurs réelles : longueur des quais, hauteurs des arbres, largeur des routes, véhicules et personnages. Un quai pour 8 voitures à l’échelle H0, c’est 2m30 !

En H0 toujours, 1km de voie correspond à 11m50 !

En altitude : un dénivelé de 100m correspond à 1m15 !

Une route de 6m de large à une largeur de 69mm en H0.

En modélisme ferroviaire, les distances sont toujours « compressées ». Il est également possible de changer l’échelle des éléments (bâtiments) en arrière-plan.

Choisir une technique d'alimentation électrique

En dehors des cas particuliers (par exemple les trains de jardin) le modélisme ferroviaire utilise essentiellement une alimentation basée sur un courant continu (polarités + et -).
L'exception est l'utilisation (principalement par la marque allemande Märklin) d'un courant alternatif associé à une structure de voie particulière "3 rails" où l'un des conducteurs de courant est constitué par un "rail" central sous la forme de plots implantés sur chaque traverse. Evidemment cette approche donne une vision moins réaliste de la voie, mais cette technique présente aussi des avantages: par exemple les configurations de réseau avec une boucle sont simplifiées, le fonctionnement est plus fiable par un encrassement moindre des contacts (roue-rail).

Le second choix est l'utilisation ou non d'un système digitalisé, bien qu'aujourd'hui ce système soit pratiquement devenu la norme. La commande digitale est un système électronique qui permet d'envoyer des "ordres" aux locomotives, aux appareils de voies, aux signaux (voire à des accessoires électriques) indépendemment de leur alimentation en courant. Ainsi la marche, l'arrêt, la vitesse, l'éclairage, des effets sonores peuvent être commandés à partir d'une "centrale". Une des caractéristiques principales est la possibilité de faire circuler plusieurs convois sur la même voie de manière indépendante, chaque convoi étant identifié par un "code". Mais bien sûr cette technique a un coût et le matériel ancien doit être "digitalisé" (montage d'un décodeur dans la locomotive) pour bénéficier des avantages de cette technique.

Il faut noter que la commande numérique n'exclut pas les accidents ferroviaires et que la construction d'un réseau équipé d'un système de "cantonnement" (sections de voie protégées) peut être complexe et onéreuse.

Enfin le dernier aspect de la technique est l'utilisation d'un ordinateur pour la commande du réseau, aussi bien des circulations que des appareils de voies, des signaux et des accessoires.
Un programme spécifique est exploité sur un PC et une interface le relie à l'électronique utilisée pour les commandes numériques. L'utilisation combinée de l'ordinateur et des commandes numériques est possible.

Commande par ordinateur et exploitation digitale vont en général de pair, mais ce n'est pas une contrainte. Il est possible de commander par ordinateur un réseau non digitalisé, mais muni cependant de modules électroniques.

Les contraintes

Comme dans toute activité, la conception et la réalisation d'un réseau sont soumises à un certain nombre de contraintes, parmi lesquelles :

- l'espace à disposition, qui détermine le choix de l'échelle et le genre de réalisation
- l'emplacement (pièce), qui va impliquer une construction "déménageable" ou non
- le coût et donc le budget à prévoir, hélas...
- le temps disponible, les autres occupations, la famille
- l'expérience des travaux manuels et la volonté de "faire soi-même"
- la transportabilité (démontable, modulaire pour présenter le réseau en exposition)
- le respect des normes de modélisme ferroviaire (normes NEM en europe)
- l'outillage que l'on possède

Les alternatives

Compte tenu des différentes contraintes, des alternatives de contruction sont possibles:

- l'achat de structures préfabriquées
- la construction d'un réseau "modulaire", réalisée par étapes
- la réalisation de dioramas

Et enfin, ce qu'il faut éviter

Essentiellement, s'il s'agit d'une première réalisation :

- un réseau initialement trop grand (découragement, dépenses)
- un réseau trop technique (câblage)
- une réseau au relief complexe: tunnels, viaducs, rampes (difficiles à réaliser sans expérience)